c'est ici, et ici seulement que les choses vont se dénouer. Ou se nouer. Enfin, vous voyez ce que je veux dire. Cher et patient lecteur, délicat humaniste, frivole persistant, si depuis le début tu m'es fidèle, à moi ton endurant Eschyle, parfois aux pieds lourdeaux, parfois si déceptif, si depuis que je me déplace sous tes yeux étonnés, pour parler en mon nom ou - mon dieu comme je suis et coquet et herméneute - plus substantiellement - mon dieu comme je suis médiéval et comme je suis avisé - au nom de l'auctor in fabula, je veux dire Alice (et oui, c'est moi Alice, et tu t'émerveilles lector de m'avoir vu Victor, de m'avoir vu Calaque, de m'avoir vu Victor-Calaque (ô joie de la quaestio et de la disputatio, ô petit plaisir gourmand et aquinate du taureau), de m'avoir vu Simon, de m'avoir vu Stéfanon Renouvette, tu es passé de l'autre côté du miroir, et moi, Alice, je t'ouvre ma petite corolle, je fais la mijorée et la coquine, etc, etc, si, te disais-je, patient et joyeux et amusé lecteur, si, moi, Eschyle Talon (disons cela, veux-tu bien), j'ai su garder ta fidélité (en dépit de ton humeur sourcilleuse, ah va, je te connais, va, et bonbon !), c'est bien, ô mon très cher, parce que tu sais qu'à Rio il va se passer une GRANDE CHOSE qui bouleversera ta relation au temps, à l'espace et, qui sait ?, au plaisir du texte.Oui, Oscarlo ne le sait pas, il croit savoir (mais je ne sais pas quoi, il manigance, il interroge en douce, je le surveille, ces morts ne sont pas clairs) mais Charles à Rio, Charles s'échappant, va nous conduire au microfilm, et le microfilm va nous conduire à Victor analysé par El Gran Calaque et, ainsi, c'est l'évidence, je retrouverai Etienne, près d'un accordéoniste. Non ? Alors, enquêtons, de ce pas. Est-ce la saison du carnaval ? j'avoue que§§§les sbires du père Arnopoulotsch. Talon avait bien compris que la solution était proche : avec l'agent Tripotino, voici deux mois, ils avaient convenu de ce sésame un brin farce : Arnopoulotsh. Anagramme tronqué, selon la formule de son vieux camarade d'école Hans Urs von Balthazar, du colonel Poulotonar, second de la redoutable Organisation que dirigeait l'infâme Tripotino. Il reconnaissait là son petit vice secret : le papisme. Non, Poulotonar n'était nullement calotin, pas grenouille bénitière pour un sou (même s'il truffait ses messages secrets de grenouilles et autres buis), mais il était érotisé, mis en furor priapante par les objets du culte catholique, apostolique et romain (quelques jonglages maronites parfois, aussi, mais de l'ordre de l'excursus - loin du cursus honorum des descendants de Petrus).- Alors, ce microfilm, tu l'as, sacré vieux ?- Oui, ami !, concède le colonel Poulotonar, oh que oui ! Mais je ne sais si je peux en parler. C'est trop...comment dire...à la fois immense et excitant...Tu comprends, il y a TOUT le monde qui est mouillé...De Tegusigalpa jusqu'au Puy en Velay...Et, puis, vois-tu, les conséquences sont inestimables...Le monde ancien basculerait...- Certes, mais n'est-ce pas ce que l'on recherche ?- Mon cher Talon, les choses ne sont pas si simples. Je sais que, comme moi, tu es dévoué à la CAUSE, je sais que, comme nous tous, tu espères, au moyen de ce microfilm, salir l'honneur de nos redoutables (quoique si émouvants) écclésiastiques. Je sais que, comme nos amis allemands, tu vois dans Rome le dernier rempart contre l'avènement de l'âge nouveau que, depuis toujours tu appelles de tes voeux, mais vois-tu, ce serait TROP. Non ?- C'est un point de vue...- Et puis, il y a autre chose... Mouiller l'Eglise en sortant ces documents sur les "divertissements" scabreux de son élite, c'est une chose, mais ce microfilm n'est pas net. Sais-tu que dans l'entourage de notre branche autrichienne, marquée par le schisme national-socialiste (quelle formule ridicule !) il se passe des choses bizarres ? On m'a confié que le professeur Baurand, un de nos plus fidèles éléments, s'était transformé en une forme de porc et que les meurtres mystérieux se succédaient depuis.- A ce propos, il faut que je te raconte ce qui s'est passé sur le Prestige lors de la traversée...Vois-tu, il y§§§se demandait s'il devait s'ouvrir de sa connaissance ancienne du sanskrit. Car enfin ! de deux choses l'une : soit Tripotino et Poulotonar avaient déjà visionné le microfilm (devenu une pellicule de cinéma, mais c'est une autre histoire - ils avaient dû transférer ça sur un support super 8, oh et puis je m'en moque, ce n'est pas toi, Eschyle Talon, personnage, qui va me faire la leçon à moi, Alice, Auteur, non mais) et alors pourquoi feignaient-ils la surprise devant son contenu ?, soit : ils le découvraient vraiment à l'instant et, alors, pourquoi affirmer par avance que son contenu pouvait mouiller toute l'Eglise ?Peut-être s'agissait-il de tester sa loyauté ? Peut-être, par la bande, avaient-ils eu vent de sa passion pour le sanskrit ? Et, puis, une crapule comme Poulotonar, qui participait à toutes les réunions avec les collègues nazis, et dont l'amour pour l'occultisme était bien connu, pouvait-il ignorer l'obsession "aryenne", tournée vers l'Inde, des dignitaires de l'organisation ? Il passait son temps avec un livre de René Guénon - dans une relation du type zuhanden ou vorhanden (il ne savait plus). Non, ils lui jouaient un sale tour. Il devait jouer franc jeu pour les tromper. Qui perd gagne.- Chers frères, indique avec solennité Talon, j'ai un peu étudié le sanskrit. Ce message, curieusement formé par les mains agiles de ces donzelles, indique, par un symbolisme un peu lourd, je dois l'avouer, le LIEU où se déroulent d'orgiaques manifestations impliquant le Haut Clergé Catholique. Je vous propose une esquisse de paraphrase :C'est dans le lieu décrit par l'escroc Guénon comme refuge du Roi du Monde - id est au Tibet -que l'on voit foutre (dugpas - bonnet rouge) ou se faire foutre (gelugpas - bonnet jaune) Monseigneur Bragamard, l'évêque de Chartres, Ersnt-Urst von Schibolit, nonce apostolique, [suit une énumération de 49 noms]. Ils semblent chercher au fond du cul d'icels [excusez la traduction] une révélation à l'image du saint Graal ou bien encore§§§si vous me permettez ce petit néologisme, chers frères et chers patrons] aussi quelque chose comme une pierre de lune venant d'un monde alter et altier [bon, je fleuris un peu cette prose, mais c'est pour en marquer l'esprit] et néanmoins CENTRAL. Vous y verrez un bougre arracher les entrailles d'un jeune garçon et d'une jeune fille, mettre les entrailles du jeune garçon dans le corps de la fille et celles de la fille dans le corps du garçon, puis recoudre les plaies, les lier dos à dos, ayant un pilier qui les contient, et placé eux deux, et les regarder mourir ainsi. Vous y verrez Myriam qui aura beaucoup saigné. Son agonie aura été longue. Elle vous dira : Tu vois comme je saigne pour toi, mon amour. Laisse-moi goûter mon sang, laisse-moi. Elle passera la main sur ses fesses en sang, sur ses fesses ensanglantées, remontant lentement la main vers sa bouche pour lécher son sang chaud. Et tant de choses semblables. Mais avant que n'advienne la révélation du lieu du foutre [Tripotino n'en peut plus : - bon, Talonette, tu arrêtes ton délire de traduction ; j'aime le littéral, le mot à mot, moi : tu crois vraiment que ça sonne sanskrit, le "lieu du foutre" ?...je sais pas, moi, la cage à oiseaux, la joyeuse rivière, ce que tu veux, mais, ça sent son poulet, son détective ringard, ça Ekilo !...Tiens, tu veux que je te dise, on aurait dû demander à ton collègue sabirant, le brave Oscarlito, ç'eût été mieux, pas pire en tous cas... - Bon, j'admets, reconnait Talon, je continue plus sobrement. D'ailleurs c'est presque fini.] le lector doit savoir que la neige parfois fond.- C'est tout ?- Ben oui, désolé.- "La neige parfois fond", la neige parfois fond, la neige parfois fond, l'A-neige part foi, fond, l'année, Je pars, Foiffon ? Nom de dieu, mais ça veut dire quoi ? Il n'y a rien d'autre ?- Attends, si. A la fin du film un truc est écrit, gratté même, avant que la pellicule ne soit éjectée dans la deuxième bobine. Merde, j'ai failli le rater. Mais ça n'est pas du sanskrit. C'est écrit, en lettre de sang, en français :Il fait péché, cil qui alors me voit,si mon âme effarée il ne conforteen pur montrant que de moi il ait deuilà voir pitié par votre gab tuéequand elle naît dedans le regard mortde mes yeux qui de mort ont désirance.Souventes fois me revient en mémoireDe Lucie deux la belle Isabelarle sombre§§§se remit au travail. Il lui fallait décrire, sans lasser ni putasser, en espérant capter la bienveillance de lecteurs autorisés tendance POL ou Gallimard ou Minuit, l'entrevue d'Isabelle de Lucy avec le pape Pie XII. Oui, elle s'en rendait bien compte, son endurant spectateur attendait l'interprétation par le petit conclave brésilien du mystérieux microfilm super 8 qui avait survécu au "passage en cul" - mais il fallait bien le surprendre, le déstabiliser un peu, faire aussi dans le teasing, quoi.- Madame de Lucy, vous savez l'attention que nous portons à votre belle famille, si noble et si fidèle. Votre bon mari Charles, chevalier pontifical, est, d'après un télégramme que nous avons reçu, réfugié à notre nonciature brésilienne, pour fuir de terribles poursuivant vaguement franc-maçons et essentiellement fascistes [prononcez "fassistes", Alice avait appris ça dans le dernier film de Rohmer]. Nous tenions à vous prevenir.- Votre sainteté, c'est pour moi un grand honneur de§§§à quelques centimètres, Jean-Emilio-Luigi-Calaque-Sigismond-Bruquenaire-Victor-Barrabis-Péëlle-quarante-neuf-ad-lib, passait d'évanouissement à trépas. Le petit coup à visée asthénique de la confrérie faf vira en effet mortel par malheureuse rencontre d'une artériole sous la caboche du vieux totalisant de notre narration. A peine put-il baver ces quelques mots que, moi, petite Alice, je te murmure à l'oreille mon bel Estienne, mon petit saint, mon doux amour enfui :Volupté, Volupté, qui fus jadis maîtresse Du plus bel esprit de la Grèce,Ne me dédaigne pas, viens-t'en loger chez moi ; Tu n'y seras pas sans emploi.J'aime le jeu, l'amour, les livres, la musique,La ville et la campagne, enfin tout ; il n'est rien Qui ne me soit souverain bien,Jusqu'au sombre plaisir d'un coeur mélancolique.Tu vois, ami lecteur, ô grand patient si peu malade quoique peu fou, je ne dis pas fontaine que je ne boirai plus de ton haut mais, simplement, mon Bruquenaire mon Brauner mon Calaque et tutti kanti [sic] crevant comme un con, moi, gamine narrante si rigolote, je sens mon coeur qui s'arrête. Le croiras-tu, c'est moi qui meurs. Le récit continue sans moi, libre de mes entrechats métatextuels un peu Cinquième arrondissement. Oui, je crève comme une conne, dans l'azur enthousiaste qui§§§ne sont pas d'accord indiquent le second terme de l'alternative.-Bon, demande Elisabeth à Stéfanon, tu l'as bientôt fini ton bouquin ? On avait convenu d'un petit truc sur les quais de Seine, non ?- Oui oui, mais tu vois là, c'est la suite des Mémoires de Calaque, je pensais pas les voir un jour avec ce que m'avait dit ce charlatan de Professeur Baurand ! Je devrais être mort depuis 2 ans moi !- Et c'est bien ? J'avais adoré le tome 1 mais là on m'a dit que c'était plus faible, genre Terminator 4.- Non, non, c'est très bien. C'est un livre dans le livre. On parle même de nous, tu imagines ? C'est écrit par une certaine Alice et là, elle meurt, et on retrouve les Flashs Invocats. Tu te souviens ? C'était superbe mais ça s'arrêtait en plan...Là, ça commence avec nos homonymes qui lisent le tome 1 et, enfin, après des pages et des pages, on retrouve la cosmogonie...Bon, la présentation est un peu curieuse... Et puis il y a des appendices, qui portent des noms bizarres - l'un s'appelle STEVELAVE...- Stevelave ? peut-être des initiales ? Ou un mot-valise ?- Mais bien sûr mon petit canari bleu !! bien sûr ! l'agghartha ! le stéphanois et le velave ! STE-VELAVE ! ULTIME ! Enfin, bon, c'est presque meilleur que le tome 1. Il y a une dimension politique, avec les nazis, le pape, des organisations secrètes. Dans le genre Pauwels/Berger mais en mieux. Le titre est décisif : SANSFIN. Tu crois que c'est une allusion à Stendhal ? Il paraît qu'il y a une version sur internet, mais bon, je ne suis pas très techno, tu me connais. Et toi, tu lis quoi ?- Une pièce géniale et méconnue d'un italien ! Mario Alessandro Paolelli : Piedi di Feltro.- Mais attends ! on n'en parle pas dans le tome I ? dans les Mémoires de Calaque ?- Ben si, je me disais que le titre me rappelait un truc Mais en même temps ça doit être une coïncidence ; la pièce vient d'être édité ! c'est donc postérieur !- ça se complique, ton affaire.- Bon, mon vieux, si tu veux que je te suce sur les quais de Seine, faut y aller ! Après ils installent Paris-Plage.- On y va, on y va.Quelques heures plus tard.- C'était vraiment trop bon ! je sais pas comment tu fais pour me faire gicler comme ça chaque fois ! Heureusement que j'ai encore ma prostate !- Normal ! J'ai lu dans Libé que si on se branlait une fois par jour, on évitait le cancer de la prostate. Il paraît qu'en vidant les vieux trucs qui traîne au fond des couilles, on se met à l'abri !- c'est splendide ton affaire. Mais bon, tu sais, j'ai déjà réussi à me remettre de mon ver rouge & mauve qui devait m'emporter le 19 juin 2003 (17 ans après Coluche, c'était bouffon, note - le vers anal et le comique scato !), alors bon !(Dans le taxi, Stéfanon à Elisabeth) :- ça me revient d'un seul coup ! Paolelli ! Le bouquin que tu es en train de lire ! Dans une note obscure en bas de page des Mémoires de Calaque, ils disaient, je crois, que xPiedi di Feltro était l'Ur-texte du monde, c'est-à-dire de l'univers propre aux Mémoires !!! C'est complètement fou ! Et la pièce qui est écrite ou publiée après !! c'est à devenir maboul !- En effet.- Et attends, le pire, c'est pas ça !!! Dans la suite, dans le tome 2, dans SANSFIN !!!, j'ai remarqué qu'il y avait aussi un livre extérieur jouant à l'évidence le rôle de l'Ur-texte. Et là encore, un livre visiblement pas (encore) publié. ça arrive comme un cheveu sur la soupe - en plus ça devient vraiment vicieux cette suite, parce qu'il y en a fait deux livres dans le livre ! Quand tu retournes SANSFIN, il y a un autre bouquin qui commence de l'autre côté, qui s'appelle ETIENNE ET ALICE, et qui parle aussi des Mémoires de Calaque (et de plein d'autres trucs un peu zarb). - Tiens, j'avais lu un bouquin érotique d'Alina Reyes qui était construit comme ça. Derrière la porte, je crois. Y'avait un côté homme et un côté femme. J'avais adoré ça, mon petit canari bleu, ça m'avait zémoustillée - je me sentais comme une espèce de Sigourney Weaver dans SOS Fantômes!- Oui oui. Bien sûr. Bref, c'est là-dedans qu'il y a cet Ur-texte :§§§le lecteur pressé croit StéFanon Renouvette mort tout simplement parce qu'un brave vieux du (pré)nom de StéPHanon casse sa pipette à trombone au bord de l'eau. Tu comprends bien mon vieux (depuis le temps qu'on se connaît, je peux te tutoyer voire t'insulter -que je ne peux pas le tuer ce con de Stéfanon si ne je peux le nommer adéquatement...Comment disait Moretti, déjà (non, pas Paolelli, lecteur peu vigilent, Moretti, le cinéaste, dans Palombella Rossa : "E due! Come parla?! Come parla?! Le parole sono importanti! Come parla?!"). Tu vois, je me gourre, je veux le tuer, et pof, ça loose. Tout ça parce que je phophote, je mets des PH (plus ou moins neutres) partout !!!!Donc il continue son chemin, au bord du quai, et c'est un autre vieux, lisant un autre livre, avec une autre Elisabeth, peut-être au bord de la Tamise, peut-être en 1685, qui meurt, Stéphanon O'Riley.Au fond, très cher lecteur, à la manière de la chatte de montagne à l'essai, je ne sais pas si je me joue de toi ou si tu te joues de moi, quand je te dévide ma pelote du bout de ma patte de mouche. Et qu'importe, enfin, puisque§§§tu t'intéresses au récit extra-vierge, picaresque, farcesque, rebondissant et diabolique, pas à la mise en abyme, au faux-semblant ni même aux dead ringers, a fortiori à blouse rouge, même si tu aimes bien Cronenberg (tu devrais d'ailleurs, sinon tu as un goût de chiottes, ce qui nous fâcherait, vu que tu nous lis, hein ?) - non, je te connais, tu veux du fait, pas de l'intellectualisation pirandellienne ou de l'herméneutisme hermétique (ou l'inverse). Alors, voilà, tu vas être servi, mon petit bonhomme. Voilà ce que je te propose.- Tu vois bien qu'il est pas là !!! Y'a personne, Elisabeth, j'suis pas mort !!! Et tu sais quoi ? Simon, il a un petit kiki !- Euh, ça va, Stéfanon, tu es en phase régressive, genre sadique-anal ?- Oui, tu as raison, il faut que je me contrôle. En tous cas, Simon, je sais pas pourquoi, mais c'est peut-être trop facile...En même temps, ce n'est pas pour ça qu'on n'est pas des personnages de roman.- Merde ! Et pourquoi ?- Ben, en fait, notre illusion de liberté provient peut-être d'une pluralité des auteurs...Le conflit de normes, d'orientations, de perspectives, tout ça, ça peut produire un sentiment d'indétermination...Imagine, je sais pas, que ça soit un truc collectif, tu vois, qu'ils s'y mettent à plusieurs...Si l'un réoriente dans un sens, alors je crois échapper à la mort, parce que Simon tout seul veut me faire clamser pour blaguer sur mon apostrophe (ou "apostrofe" comme écrirait Simon) et, la page suivante, je suis sauvé par un autre auteur, genre gougoche ou toskoche ou saint-glinglin...- Attends, tu as dit quoi ?- Gigiche ou tatique ou suglagla ?- Non...Toskoche, machin...ça me rappelle un truc...Ouvre le livre, Stéfanon chou, canari bleu de mes amours...regarde dans l'index, quand ils parlent de Paolelli... n'oublie pas que Paolelli est censé être la clé du tome I, l'Ur-texte fondamental...Croise les items "toskoche" et "paolelli"...- Euh, Elisabeth, y'a pas d'index...- Attends, on va aller dans un cyber café...Tu m'as bien dit que le tome 2 était en ligne...Si ça se trouve, il y a aussi le tome 1 avec...Quelques minutes plus tard, après une googlisation frénétique, ils lisent§§§le texte suivant, sur www.sansfin.com :"...... chié zob." Il fouille dans sa valise. Le mouchoir a vaguement protégé le papier. Il déchiffre, presque deux lettres sur trois - mais ça ne veut rien dire, on dirait une liste parataxique mauve de noms propres - : "SIMON ; CANDI ; DIE X ; ATOMIZ ; GOUGOCHE ; CAAQ ; GRELE de SEIN ; DANIELOCHE ; ZIBALDONE YOUNG ; CARLEINZ ; THOMELPOCHE-BLANCHOTTE ; TOSKOCHE-VU ; TREIZE BOULGUI ; POULOPOCHE". Et plus loin, syntaxiquement : " récit infini mené par des fous et relu par des malades". Et enfin (très lisible, en rouge) : "MORPHEUS //// PAOLELLI //// SALVATORE". Bon, avec ça, je suis avancé. Allez, allons chez cet Adrien....."- Bon, je suis sûr que ça a changé par rapport à l'original. Il faut qu'on vérifie à la maison le tome 1). Ce qui est patent c'est que Simon a l'air d'être un parmi plusieurs ; or c'est un rédacteur ; donc mon hypothèse tient la route...Etonnant, non ? En revanche, j'ai un peu peur de lire la suite du livre...Même si ça change à chaque lecture, tout doit être écrit...Et ce cercle mauve des rédacteurs ? Nous, tu crois qu'on est dans le cercle rouge ? Tu crois que tout ce délire récurrent sur les Bonnets rouges, c'est une allusion à notre vrai statut ? Une manière de nous faire comprendre QUI nous sommes ? Une espèce de joke métatextuel qui devient une révélation métaphysique ?- Continuons ton raisonnement...Tu ne crois pas qu'il faut retrouver les trois de la fin ? Morpheus, c'était l'homme-poisson ? Tu crois qu'il y a des manipulations génétiques qui permettraient cela aujourd'hui, en 2004 ? Salvatore, c'était un érudit, non, une espèce d'Umberto Eco ? Et ce Paolelli, tu le connais ? Il existe ? On regarde sur google ? On trouvera peut-être sa photo ou le texte de sa pièce ? Tu crois que§§§silence, je vous dis. J'ai une chose importante à dire.Déclara la narratrice au Conclave Mauve réuni devant un lonzu millésimé.Une chose INFINIMENT importante.Une RUMEUR fait état...Non non, l'Aboyeur, ne fais pas cette tête, je connais bien ton petit jeu, ne fais pas l'innocent...Une RUMEUR fait état de la fin de...NON ????!!!La fin de...non...La fin de SANSfin, la fin de sansFIN...Non!!!Mais c'est une rumeur, j'oppose un démenti formel...Silence l'Aboyeur !!!...ah, Simon, ça suffit, aussi !!!...C'est l'Organisation Meyssandienne qui a lancé cela, retrouvons Monsieur Jean... Retournons en Agharta, lançons le plan B... Dormons du sommeil des mendiants...SANSFIN NE SAIT FINIR...Souvenez-vous du mythe de l'apode ! Epongez-vous !Une parole de figues§§§, une vraie parole de figues, je ne saurais mieux décrire l'effet que ça fit sa sortie boy-scout. Ou bien, avec plus de cruauté : un cake au figolu. Recette qui m'est propre, moi l'Aboyeur-ouah-ouah. Qui en voudrait sinon ?Le lendemain, je suis dans mon salon de jeu, l'une des douze cheminées crépite. Nous sommes en ... Et au fond, quelle importance ? Je dois mettre en place ce que le Général Renouvette appelle une contr'attaque saxifrage. C'est son idée à lui : la pierre est là, on peut y bâtir église, certes, on peut tenter de la briser à coup de marteaux, probablement, mais il vaut mieux la pénétrer, s'y minéraliser pour la fendre in fine. J'ai réuni une équipe de tout premier plan. Nous lisons Hérodote. Nous lisons Sun Tzu. Nous lisons Polybe. Nous lisons beaucoup. A ma gauche, dans le fauteuil club, il y a L'Eponge. Elle sait absorber le pouvoir des ennemis mais en l'inversant : elle devient Human Torch face à Iceberg, si vous voulez. A ses côtés, Dust Devil, avec ses poings d'acier - il sait aussi lire dans les pensées. Sur ma droite, à côté de la table de billard, Jing Pin Mei, super-héros déchu de la Chine populaire, de retour de mission. Et Zymbrek, près de la bibliothèque, demi-déesse olympienne.Nous sommes les Sansfiniens - nous devons reconquérir la terre agharthéenne que Jenpérar tient sous sa coupe. C'est la quête des 4 maisons.C'est moi, l'Aboyeur, qui dirige le groupe de super-héros chargé de renverser la caste des Pions. Le combat sera rude. Mais le général Renouvette nous fait confiance - en tous cas, plus qu'à ces chiffes-molles du Conclave Mauve.- Alors, Jing, raconte-nous tout. As-tu§§§qu'il convient de poser les choses simplement.L'aboyeurC'est-à-dire ?[Oui, vous avez remarqué, j'aime bien cette disposition théâtrale - c'est une forme d'hommage à Ulysses de James Joyce.Peut-être, mais pourquoi m'appelles-tu "La narratrice" ? Je croyais que j'étais l'Eponge...Sponge-Girl !Tu ne vois pas le rapport ?Ah mais oui...Bien sûr...Suis-je bête...Bref, tu vois le chapitre de Joyce, le dernier de la deuxième partie, le 15ème si tu préfères, on l'appelle Circé, parfois, mais c'est pas dans le texte. Et tu as vu Gallimard, ils te vendent deux traductions : en Pléiade, la vieille et deux ans après, ils sortent la nouvelle. Tu veux le début en anglais ?Si ça t'amuse, tu sais, moi, l'anglais...Je préfère l'espagnol.Je sais bien. Crois-bien que j'en tiens compte. Les lecteurs auront remarqué. Bon, allez, je te le lis quand même.The Mabbot street entrance of nighttown, before which stretches an uncobbled tramsiding set with skeleton tracks, red and green will-o'-the-wisps and danger signals. C'est beau "will-o'-the-wisps", non ?Mouais, bof. Bon, on reprend ?]JingEt bien l'agharta est désormais démutassawufisée !La narratrice (dite l'Eponge)Mais c'est impossible !Le choeurPuisqu'on te le dit !JingCette histoire de train du Puy est importante. On vous raconte des choses, et vous ne faîtes pas attention ! L'Eponge, qui n'est pas très nette sur ce coup...L'Eponge (dite la narratrice)Non mais ça va pas ?Jing...vous embrouille, avec la complicité de l'Aboyeur ! Tout le monde sait que les trains s'arrêtent en gare du Puy...C'est un terminus !!! Alice est retenue prisonnière en Agartha... et l'Agharta, depuis la fin de la mutassawufisation, est accessible par la gare du Puy...Il suffit de longer la voie...Ensuite, on passe sous un pont, juste au niveau de la rue de la Roche Arnaud...Sous ce pont, il y a une porte...Et cette porte...Le choeurOui?L'aboyeur et la narratriceTais-toi !!!JingCette porte conduit à la Zone, à la gare petit a !!!L'aboyeurSalaud !La narratriceVendu ! Menteur ! Mythomane !Le choeur§§§Il faut les enfermer.Avant, les torturer.Les faire rôtir à petit feu. Leur briser les os.Hacher hacher.Hou la la la la !Arracher les yeux. Glisser du bambou sous leurs ongles. Mettre des musaraignes affamées dans leur rectum.Coudre leurs paupières. Trépaner. Ligaturer. Scarifier.Lames de rasoir, étau, pinces. Tailler leur langue en serpentine.JingC'est trop doux. Et ils pourront en jouir. Ce sont de grands pervers. Souvent, je les observe à la dérobée dans leur chambre à coucher. Ils ont de curieux jeux, parfois fort salissants.Dust DevilJe confirme. J'espionnais les espions. Je trahissais les traîtres. Je gambadais nocturne dans leurs maléfices. Jing Mei a raison. Ils seront trop heureux.Le choeurHou la la la !Que faire alors ?Zymbreck(Elle sort enfin de son silence)Moi je sais. J'ai toujours su. On les mettra dans le noir. ils deviendront aveugles. Ils raconteront notre histoire. On les promènera dans un tonneau fermé. Ils auront mal, ils nous en voudront, ils déformeront et réécriront l'histoire. Ils imagineront qu'ils nous inventent. Ils se croiront des réificateurs ou des Invocats. Enfin, ils se feront leur petite mythologie perso, mais leur douleur sera infinie. Je connais bien ce supplice. Enfant, je l'ai subi. Mes parents adoptifs m'ont ainsi zymbrekée. Ecrire sera leur lot, écrire dans le noir. S'oraliser profondément. A la limite de la guyotaterie. Aveugles, ils chanteront nos batailles. Nos horreurs aux doigts de rose, aux talons d'Alice.Dust DevilLe supplice est admirable. JingOui. Qu'on fasse venir le tonnelier. Je veux du bois de châtaignier, avec quelques échardes.Le choeurSagesse du conseil nocturne.Allons relire Platon !Le lendemain, après un voyage périlleux, de TGV en car-SNCF avec changement à Saint-Etienne-Chateaucreux, voici notre bande un peu minable de survivants des Sanfiniens (The Noenders) - Dust Devil, Jing Pin Mei et Zymbreck - qui descend en gare du Puy. La nuit tombée (par souci de discrétion), ils retrouvent leur contact au parc Crozatier.On aura reconnu l'étonnante Shatsha - Zymbrek est déjà amoureuse :Elle les conduit jusqu'à la porte sous le pont de la rue de Roche-Arnaud. -Je ne peux pas vous accompagner. On m'
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